Portrait
On peut être champion du monde, d'Europe et de France en titre, avoir une centaine de victoires en tournoi national à son actif et, pourtant, être bien loin de vivre de son sport ! C'est le cas de Dylan Rocher.
Le jeune homme de 23 ans, originaire de la Sarthe, écume les compétitions dans l'Hexagone et à travers la planète. Il a déjà conquis tous les trophées mais, pour subvenir à ses besoins, doit cependant toujours travailler à la mairie de Draguignan, où il est désormais installé et licencié.
La pétanque, ça ne rapporte pas ! À Cholet, Dylan Rocher fait partie des six équipes invitées au National. Avec repas et hébergement offerts. Mais pas d'indemnités de déplacement. Les organisateurs considèrent que, si elles veulent venir, les formations doivent faire cet effort financier.
« Très beaux voyages »
« Avec la route que j'ai, moi, ce n'est pas rentable un tel week-end, c'est certain, confie le jeune homme, qui, avec ses frères, perpétue la tradition d'une famille 100 % pétanque depuis plusieurs générations. Je viens parce que c'est dans ma région, ça me permet de voir mes proches. Mais un jour, on ne pourra plus se déplacer, j'ai plus de frais que de gains, même si j'atteins les demi-finales. »
Ici, 34 000 € de prix sont reversés, soit l'intégralité des engagements, plus 4 000 € rendus obligatoires par la Fédération française de pétanque et jeu provençal. Pas moins. Ni plus. Ainsi, après les vainqueurs des différents concours, demi-finalistes, finalistes et gagnants du National empocheront 900 € par triplette. Pas de quoi faire fortune.
« Le concours le plus doté en France, c'est l'Europétanque de Nice. Les vainqueurs ont 1 000 € chacun, ce n'est pas énorme non plus. » De quoi regretter d'aimer la pétanque plutôt que le foot ? « C'est un grand plaisir de jouer, même si on ne gagne pas notre vie. C'est un peu frustrant, mais ça me permet de faire de très beaux voyages », avoue Dylan.
Le membre de l'équipe de France qui, à l'instar de Philippe Quintais ou Jean-Marc Foyot, figures médiatiques des boules, tient avec sa famille une ligne de vêtements spéciale pétanque, vendus sur les Nationaux pour quelques sous supplémentaires chaque mois.
Dylan revient de Nouvelle-Calédonie et s'envole dans quelques semaines pour la Thaïlande. De quoi compenser un peu les poches vides, la tête au-dessus des nuages.
OUEST FRANCE