Source du Musée CIOTADEN ...
L' histoire de la "Pétanque"
La Pétanque, c’est comme Christophe Colomb !... Tout le monde veut se l’approprier !...
N’écoutez pas les ragots et les mauvaises langues : « La Pétanque », elle est bien née à la Ciotat et gare à celui qui dirait le contraire !
Son principe est simple et dans le dictionnaire on trouve cette définition :
"Jeu de boules originaire du midi de la France, dans lequel le but est une boule plus petite en bois, dite cochonnet, et qui se joue sur un terrain non préparé".
Mais ici, on n’est pas trop d’accord : le midi de la France c’est un peu vaste comme territoire et on est un peu vexé de cette imprécision trop évasive !
Non ! La pétanque, on se la revendique ciotadenne haut et fort!
La preuve, c’est que l’on connaît tout de sa naissance, du lieu et des circonstances de l’événement :
La Pétanque est née officiellement en juin 1910 à La Ciotat, au jeu de boules « Béraud ».
Mais certains Anciens de l'époque ont tous témoignés que la première partie aurait eu lieu en 1907.
On y jouait alors au « jeu provençal » qui se pratiquait par équipe de trois : pointeur, milieu et tireur, sur une distance de 10 à 15 m, le tireur devait exécuter trois sauts avant de lâcher sa boule.
Ce jeu exigeait donc de la place et souffrait des chaises éparpillées, amenées par les nombreux spectateurs…
On supprime les chaises, mais le propriétaire du jeu : Ernest Pitiot fait une exception pour son ami ciotaden, Jules dit « le Noir » qui souffre de rhumatismes et ne peut plus jouer.
Ce dernier, sagement installé sur sa chaise, tire quelques boules « pour s’entraîner », histoire de passer le temps. Pitiot le regarde faire et lui propose de jouer pour égaliser les chances : « les pieds tanqués » dans un cercle tracé sur le sol à 2 ou 3 m du cochonnet...(On peut voir au Musée le récit original de E.Pitiot qui évoque les circonstances exactes de l’événement.)
Le principe est lancé, c'était autour de 1907. Il fait boule de neige (ou plutôt de pétanque!), de nouveaux émules vont copier la technique et quelques temps plus tard, en 1910, un concours est déjà organisé, officialisant la date de création du jeu..
Par contraction, le provençal "ped tanca" (pieds joints) donnera le nom de "pétanque".
Voilà la vérité !.. Et il existe encore à la Ciotat de nombreux descendants de ceux qui furent témoins de la scène pour attester de cette genèse miraculeuse !...
De Lointaines origines..
Si l’on fouille un peu pour trouver les racines de ce jeu si populaire, on n’est pas au bout de nos surprises..
L’histoire des jeux de boules remonterait aux calendes grecques ou plutôt, si elles avaient existé, aux égyptiennes! (Déjà des clubs de passionnés à cette époque?).
Quelle fut la stupeur de l’archéologue découvrant dans le sarcophage d'une momie datant de 5700 ans avant notre ère, deux boules de grosseur « réglementaire », accompagnées d'une petite boulette !! (On ne nous dit pas s’il a aussi trouvé, dans la même sépulture, une fiole de l’ancêtre du pastis ! C’aurait été une drôle de révolution!.)
Le principe du jeu : « approcher au plus prés le but », fut souvent utilisé par les anciens avec diverses variantes et de multiples matériaux :
Dans la "sphéristique", les Grecs (VIème siècle avant J-C) lançaient des pièces de monnaie au plus près d'une ligne tracée sur le sol.
Les Romains utilisaient des galets et un caillou leur servait de but. On peut voir à Rome, dans les thermes privés de Caracalla, une fresque évoquant ce jeu d’adresse.
Introduit lors de la conquête des Gaules, ce jeu trouvera à Massalia puis, dans toute la France, des adeptes assidus.
Mais, les galets sont trop fragiles, on les remplacera donc plus tard par des boules en bois tourné, parfois cerclées de fer.
L’Empire Romain s’effondre et c’est au Moyen-âge que l’on voit réapparaître les boules et leurs adeptes : «les bouleurs».
Le jeu de boules va connaître au XIVème siècle, sous Charles IV et V, d’injustes mesures de rétorsion : on préfère que le peuple s’exerce plutôt au tir à l’arc!
Voilà donc le jeu de boules parti en Italie où le Pape Jules II lève une « compagnie de lanceurs de pierre » qui défie l'Europe entière. Avec les guerres franco-italiennes, il revient en France et retrouve une vitalité quasi miraculeuse…
Rabelais, en bon médecin, dira même :
"Il n'y a point de rhumatisme et d'autres maux semblables que l'on ne puisse prévenir par ce jeu: il est propre à tous âges, depuis la plus tendre enfance jusqu'à la vieillesse".
Puis, la concurrence déloyale du jeu de paume et la jalousie des fabricants des balles de cet ancêtre du tennis, obtiennent encore l'interdiction des jeux de boules par édit royal en 1629.
Interdiction suivie de bien peu d'effet : on continue à jouer aux boules, en cachette, en particulier dans les monastères. C’est la naissance des premiers boulodromes couverts !
Mieux, pour contourner l’interdit, quelques adaptations farfelues vont faire date : par exemple en 1792, à Marseille, une partie entre soldats fait 38 morts… Elle s’était disputée avec des boulets de canon au milieu d’une cour où étaient entreposés des barils de poudre !
On s'insurge en Provence contre cette mesure et l’on y voit revenir ce jeu au XIXème siècle avec des boules cloutées en bois de buis (on peut en voir quelques exemplaires au Musée). Certaines comportent pas moins de 1200 clous!
C'est ainsi que l'on jouera, jusqu'au début du XXe siècle, au "jeu provençal" à la "longue".
La pétanque arrive, comme nous l’avons vu, en 1910 et les premières boules cloutées vont faire place, en 1923, aux boules en bronze coulé puis en laiton (moins onéreuses) et en 1927, aux boules métalliques conçues à St-Bonnet le Château (42) par J. Blanc, inventeur de la première boule de marque « JB ».
Jusqu'en 1949, l'acier doux durci superficiellement par un cément va être utilisé et en 1955 un fabricant de serrures : Frédéric Bayet et son ami Antoine Dupuy créent la célèbre société « OBUT® » de boules en acier "intégral".
C’est ainsi, qu’héritière d’un passé riche et tumultueux, portée par une tradition opiniâtre, notre pétanque va faire le tour du monde..
Mais c’est à la Ciotat, en sortant du Musée, que vous pourrez aller voir où ce jeu, devenu si populaire, vint au monde..
Vous pourrez peut-être aussi surprendre ce genre de dialogue "pagnolesque" entre descendants des: « Grand-Jean, le Blond, Lombard dit le Noir, Petit Paul, le Grêle, le Pich, Chibalon, le Moult, les frères Espanet, le gros Césaire, etc.»: premiers disciples et valeureux apôtres de la pétanque de La Ciotat!
« Té, vé l’Antonin, il m’a encore embouchonné le petit !.. »
« Oh peuchère! Vas-y, César, tires-moi cette boule et pas à la rabaille hein ! »
« Ah ! Si Fernand était là, il t’aurait mis un de ces carreaux à faire pâlir la Bonne Mère !... »