Quoi de plus français qu’une partie de pétanque en plein soleil ? C’est pourtant à Berlin que se trouve le plus grand club de boulistes qu’il nous ait été donné de voir. Créé par des militaires français durant la Guerre Froide, il a depuis su gagner le cœur des Allemands. Visite guidée en compagnie de Yves, membre depuis plus de 30 ans.
Situé au cœur d’un quartier résidentiel, tout proche du Tegel, le club des boulistes de Berlin bénéficie d’un cadre idyllique. Les allées sont larges, à l’américaine, les maisons immenses, les pelouses verdoyantes. Lorsque le ciel y met du sien, le soleil darde ses rayons sur les gravillons et on entend les oiseaux gazouiller. L’endroit est surtout immense. Un peu moins d’un hectare de superficie, une soixantaine de terrains, un "boulodrome" (terrain couvert pour jouer en toutes circonstances) et une buvette de taille respectable. De quoi accueillir une armée d’aficionados du cochonnet.
"Même en France, on ne trouve rien d’équivalent !", déclare fièrement Yves, membre du club depuis 1975. Ce Français, venu à Berlin pour son service militaire, est rapidement tombé amoureux de la ville et ne l’a plus quittée. Président de l’association jusqu’en 2004, il a dû quitter ses fonctions pour se consacrer pleinement à son activité de restaurateur, mais demeure très attaché au club, dont il relate l’histoire avec passion.
"Créé en 1967, il s’appelait à l’origine "le club bouliste français de Berlin". Le "français" a été retiré depuis : on accepte tout le monde ! La majorité des membres d’origine étaient des militaires français. Le quartier a d’ailleurs été construit pour eux", précise-t-il en désignant les maisons alentours d’un grand geste. "Et c’est un général qui a inauguré le terrain en jetant la première boule. Un général manchot, pour l’anecdote…", raconte Yves.
Un club multiculturel
Club de sport français, créé par des Français et pour des Français, le club des boulistes n’a cependant pas attendu la chute du mur pour s’ouvrir aux étrangers, contrairement à de nombreuses associations du même genre. Yves s’en souvient très bien : "Pendant la Guerre Froide, nous étions l’un des seuls clubs français ouvert aux Allemands. A la fin des années 1980, nous comptions 18 nationalités différentes... Après la réunification, toutefois, de nombreux étrangers ont quitté la ville, et le club s’est germanisé".
Aujourd’hui, sur un total de 70 membres, on ne compte plus que 5 ou 6 Français. Et le président est allemand. Importée de France dans les années 1960, la pétanque, sport méridional par excellence, a su gagner le cœur de nos voisins d’outre-Rhin. Le souffle n’est pas retombé après le départ des militaires français, bien au contraire. Ainsi, le week-end du 12 au 14 juillet, l’association accueille le grand prix de Berlin. 500 boulistes chevronnés seront présents pour rivaliser d’habileté, au tir comme à la pointe.
Mais le club n’a pas tout perdu de son ADN français, en témoigne l’incontournable Ricard servi à la buvette. "Dans le temps, nous étions les plus gros distributeurs de Ricard de Berlin !", affirme Yves, hilare. Et chaque année, l’Union des Français de l’Etranger (UFE) de Berlin organise un grand barbecue sur place, avec pétanque et grillades à la clef. Ouvert tous les jours à partir de 16h, le club remporte donc toujours un franc succès, bien que le nombre de membres ait quelque peu diminué ces dernières années. "Pour l’avenir, nous aimerions recruter davantage, et surtout faire baisser un peu la moyenne d’âge", déclare Yves. "Nous tâchons toujours d’initier les jeunes joueurs qui accompagnent leurs parents, afin d’avoir un peu de sang neuf !".
Guillaume Renouard (www.lepetitjournal.com/berlin)
« Comme quoi, il n'y a pas que "en France" que la Pétanque a des problèmes d'alcool...!!! »