Bruay sur l’Escaut fait partie des communes minières et pourtant, il n’y a jamais eu d’exploitation de la houille sur son territoire
Ce sont les effets d’une déforestation due à une demande accrue de l’industrie, qui obligea nos ancêtres à rechercher un autre combustible, largement utilisé au-delà des frontières, le charbon.
Deux Forages furent creusés au lieu-dit « Le Boctian » ( Petit Bois ) en 1728. Ce lieu-dit se situe à l’Ouest de la Fosse Thiers, à la limite d’Escautpont, entre la rue de Cornay et l’allée des marronniers. Ces deux ouvrages furent rapidement abandonnés à cause du niveau des eaux et surtout par manque d’un matériel d’épuisement assez puissant.
D’autres forages furent également réalisés dont un au Nord de la commune, arrêté à 119 mètres de profondeur, un dernier vers la rue des Merlicans, abandonné en 1816 à 104 mètres.
Les principaux puits d’extraction se situaient au pourtour de la Commune. C’était le cas de la fosse de Thiers ( 1856) dont les deux puits jouxtaient la commune - côté Saint Saulve et de la fosse de Lagrange ( 1886 ) au Nord – implantée sur le territoire de raismes.
Si l’extraction du charbon se faisait à l’extérieur de notre commune, on peut dire que Bruay, grâce au chemin de fer dit d’ « Anzin », mis en service en 1874, reliant Somain à Peruwelz et au canal de l’Escaut, était un centre important permettant l’écoulement du combustible des mines précitées, mais aussi des fosses Cuvinot à Vicq ( 1894 ) et Maurice Sabatier à Raismes ( 1912) ainsi que toutes celles situées entre Bruay et la frontière Belge.
Pour compléter ce rapide panorama sur l’exploitation de la houille, il faut citer également l’usine Rousseau ( située sur Raismes, elle aussi ) qui épurait le charbon, et fabriquait, avec le menu charbon, les agglomérés appelés « boulets ».
C’est en gare de Bruay que se faisait le tirage des wagons et, grâce au raccordement SNCF, l’expédition du charbon sur le réseau national.
D’autre part, une partie du combustible était utilisée par la cokerie et la centrale thermique, séparées de Bruay par le canal de l’Escaut, à l’arrière de la fosse Thiers.
Avec la mise en exploitation de la houille et le développement de l’industrie, notre commune connaît une explosion démographique. En 40 ans, de 1866 à 1906, sa population passe de 3251 habitants à 7488 ! La main d’œuvre n’étant pas suffisante, surtout après la première guerre mondiale, il est fait appel à des ouvriers étrangers, polonais en particulier.
La compagnie des mines d’Anzin érige de nombreuses cités, encore appelées corons, qui pour le début du 20ème siècle apportent un certain confort au mineur et à sa famille, confort tout relatif puisque l’eau doit être puisée à la bonne fontaine située sur la rue. Dans certains corons, l’épouse du mineur pourra faire cuire son pain ou la tarte pour la ducasse, au four commun à plusieurs habitations. Peut être en existe-t-il encore ?
Il y a des commerces partout, même dans les cités et les estaminets, aussi appelés cabarets ne se comptent plus.
Après la seconde guerre mondiale, les mineurs furent à nouveau sollicités. Il fallait reconstruire, relancer la sidérurgie et surtout l’économie du pays….Le rendement battait des records.
C’était aussi la fin de la compagnie des Mines d’Anzin, remplacée par les houillères nationales après la nationalisation. A nouveau on construisait des cités pour accueillir une nouvelle main d’œuvre.
Puis, progressivement, par la pauvreté des ressources en charbon et l’utilisation de nouvelles énergies, les mines cessèrent leurs activités.
Aujourd’hui seuls quelques chevalets, squelettes métalliques, ou quelques terrils, rappellent encore, avec les corons, que des milliers d’hommes ont travaillé à des centaines de mètres sous nos pieds.
Les témoins de cette ère du charbon sont de moins en moins nombreux, souvent vaincus par la terrible maladie qu’est la silicose.