L'adolescence est une période-clé dans l'évolution de chaque individu. Elle est souvent génératrice de tensions entre adolescents et adultes. Les parents, mais aussi les éducateurs, doivent faire preuve d'une attention particulière et pondérée afin d'être reconnus plutôt comme des interlocuteurs que rejetés comme des adversaires.
Cet article est un guide pratique à destination des éducateurs. Il explique avec une grande clarté de style :
Les nombreux cas concrets, qui jalonnent , permettent de bien comprendre la complexité de la relation adulte-adolescent et mettent en évidence les comportements d'une communication efficace.
Montrant les écueils de l'interventionnisme aussi bien que du laisser-aller, ce guide donne de quelques conseils pratiques pour accompagner les adolescents tout au long de leur évolution afin qu'ils puissent progressivement se sentir responsables d'eux-mêmes et répondre de leurs actes sportifs, individuels et sociaux.
Communication
A. Quelques types de personnalités bloquantes pour la discussion.
01. Le bavard :
Il sait qu’il est bavard et est peu susceptible. S’il monopolise la parole du groupe, l’animateur peut :
- Profiter d’un instant de repos pour résumer d’une phrase tout son long discours.
- Rappeler la nécessité de distribuer la parole équitablement.
- Le couper brutalement dans le cas extrême.
- Lui donner le rôle de « présidence », obligation de distribuer la parole.
- Ne pas le mettre spécialement dans une position privilégiée, ni de provoquer du regard, le placer plutôt près de soi.
02. Le critique systématique :
Toutes les propositions sont critiquées, sans qu’il y ait apport réel, il retarde la marche de la discussion, l’animateur peut :
- Lui témoigner de la sympathie (sourires, regards acquiescement) pour essayer de désamorcer l’attitude.
- Puis lui faire remarquer l’aspect systématique en prenant soin de relever les points utiles dans ses critiques.
- Ceci correspond à un moyen de s’affirmer, qu’il ne faut pas contrer mais mettre au service du groupe.
03. L’opposant agressif :
L’agression doit être prise avec humour comme les provocations.
Insensible aux attaques personnelles, l’animateur l’oblige à raisonner sur les faits de discussion et non sur les personnes (questions nettes sur des faits, des cas…).
04. Le raisonneur :
Veut donner l’impression qu’il sait tout et peut raisonner à l’infini sur tout sujet dans tous les détails. L’animateur cherche :
- A éviter des discussions avec lui, ou les polémiques.
- A le prendre ici encore avec humour et ne pas laisser ses raisonnements agresser les participants.
- Proposer son raisonnement au groupe qui lui dit ce qu’il pense.
05. L’obsédé de son problème :
Il n’arrive pas à se concentrer et ramène tout à son cas personnel et à ses problèmes. L’animateur agit pour :
- Permettre à cette personne de dire son problème, de se « vider » (tant qu’il n’aura pas déballé son problème, il ne pourra pas écouter).
- Puis pour recadrer cette personne dans les limites du sujet posé et dans le cadre des intérêts du groupe.
06. Le silencieux :
Le silencieux conduit l’animateur à :
- Lui donner une place centrale et le regarder fréquemment.
- Lui poser des questions simples, directes à réponses courtes (pour le mettre en confiance), à un moment ou la discussion est animée.
- Ne pas laisser une réaction négative, impulsive lui couper la parole (ou la lui redonner si cela arrive), éviter toute attitude ironique, le silence peut être non de timidité, mais de supériorité.
- Demander alors à ce participant des synthèses, des classements d’arguments, des tâches délicates.
07. L’approbateur suiviste :
Toujours d’accord avec le dernier qui a parlé, ou avec l’animateur. Ayant forcément des idées personnelles, l’animateur se demande pourquoi il ne les exprime pas : peur de dire des bêtises, craintes d’être jugé. Le danger est qu’il s’exprime en fin de discussion remettant tout en question. L’animateur cherchera à lui faire reformuler les idées qu’il approuve et à les compléter par les siennes.
08. Le scrupuleux :
S’arrête sur les détails, coupe les cheveux en quatre et freine les échanges. L’animateur en prenant acte de ses précisions lui demande de retrouver le fil de la discussion, d’en tracer les grandes lignes, de proposer des résumés d’arguments.
09. Le participant de mauvaise foi :
Généralement bloqué dans une opinion, dirigé par des processus inconscients, il nie les évidences que le groupe lui propose et agace les autres. L’animateur lui posera des questions claires, précises, sur des faits concrets, et ne laissera pas des développements abstraits s’installer, soucieux à chaque intervention de lui demander des preuves de ce qu’il avance.
10. Le plaisantin :
Faire rire le groupe à pour fonction de détendre l’atmosphère, de créer un climat de sympathie. Si un participant s’arroge cette « fonction », l’animateur veillera à ce qu’il ne se l’accapare pas (les autres doivent plaisanter aussi) et qu’il ne freine pas les moments importants avec des blagues mal venues.
11. Le fugueur :
Il fuit par de nombreux moyens la discussion qui le gêne, l’ennuie, ou qui devient dangereuse ou compromettante. Ainsi il peut :
- Faire des plaisanteries (fort débit).
- Faire des apartés.
- Faire dévier le sujet vers des questions moins brûlantes.
- Dire de remettre cette question à plus tard.
L’animateur s’en apercevant, proposera au groupe de réfléchir à la façon dont le participant s’évade dans un moment de tension.
B. Quelques autres comportements pièges de la communication en groupe.
01. L’étiquetage :
Coller une étiquette provoque des réactions affectives d’acceptation ou de rejet et dispense de réfléchir en profondeur sur les arguments eux-mêmes.
02. La personnalisation :
Au lieu de réfléchir sur les idées, sur les actes précis d’une personne, le critique s’attaque à la personne elle-même dans ses aspects physiques, dans ses caractéristiques générales, dans des expériences n’ayant pas de rapport direct avec les faits et la situation actuels.
03. Le « pompage » :
Consommateur avant tout, le participant vient profiter des autres. En retrait relatif, il dit écouter et s’intéresser (ce qui valorise les « producteurs ») mais ne s’implique que rarement, et ne donne que très peu. Il est parfois exigeant sur ce que donne les autres. La qualité lui est due.
04. Faire de l’ironie :
Adopter une position railleuse, narquoise, moqueuse vis-à-vis des arguments en provoquant l’amusement des autres, isolant celui qui est l’objet de l’ironie. L’humour n’est une aide que s’il s’exerce dans le partage de tous et non au détriment d’un seul (individu, sous-groupe).
05. L’exagération :
Caricaturer la pensée d’un participant jusqu’à la faire paraître grossièrement erronée.
06. La généralisation :
(les parties et le tout)
Pour condamner l’ensemble (pensée, démarche, groupe) ou profiter de la faute d’une de ses parties (argument, personne…). Des erreurs d’un élément on généralise la condamnation ou l’approbation au tout.
07. La dissection :
Procédé qui consiste à décomposer le message d’une personne mot à mot, détail par détail en y insistant, jusqu’à ce qu’il devienne incompréhensible et que les auditeurs perdent le fil directeur de sa cohérence.
08. L’amalgame :
Démarche qui consiste à mélanger dans un même courant d’acceptation, de réprobation ou de démonstration des arguments qui présentent certaines ressemblances en niant les divergences, voir les contradictions et sans tenir compte des contextes très différents dont ils sont issus.
09. L’attaque personnelle :
Injurier (pas forcément de façon grossière) calomnier, exercer la délation sont malheureusement des techniques fréquentes qui se passent souvent à bas bruit, « Calomnier, calomnier, disait Talleyrand, il en reste toujours quelque chose ».
10. L’interprétation :
A la suite d’un énoncé d’idées, l’exécution d’actes, on interprète à sa manière ce qui vient d’être dit ou fait sans attendre l’explication des motifs par celui qui vient d’émettre. Du reste, on ne s’en enquiert pas.
D’autres comportements pièges existent. Une discussion entre tous permet de pointer ces différents obstacles de la communication.
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