La consommation de drogues est considérée comme un des grands problèmes sociaux de notre époque. La toxicomanie est majoritairement associée à des représentations négatives, images de mort (overdose), images de déchéances individuelles et sociales, images de désordres sociaux (crimes et délinquances). La perception du problème par nos sociétés constitue une forme d’appréhension du phénomène qui a sans doute un impact décisif sur les politiques suivies en matière de toxicomanie. Il paraît cependant souhaitable de confronter les représentations collectives du préjudice associé à la drogue avec une évaluation monétaire, qui se veut objective, du coût de la drogue.
Beaudelaire, le grand poète, connu aussi pour son usage de drogues, écrivait :
"Je veux prouver que les chercheurs de paradis font leur enfer, le préparent, le creusent avec un succès dont les prévisions les épouvanteraient peut-être".
D’abord une certaine hilarité saugrenue et irrésistible s’empare de vous. Cet accès de gaieté non motivée […] se reproduise fréquemment, et coupent des intervalles de stupeur pendant lesquels vous cherchez en vain à vous recueillir.
Les mots les plus vulgaires, les idées les plus simples prennent une physionomie bizarre et nouvelle. Cette gaieté vous est insupportable à vous-même ; mais il est inutile de regimber. Le démon vous a envahi […]. Vous riez de votre niaiserie et
de votre folie ; vos camarades vous rient au nez et vous ne leur en voulez pas car la bienveillance commence à se manifester. […] Il arrive quelquefois que des gens tout à fait impropres aux jeux de mots improvisent des enfilades interminables de calembours, des rapprochements d’idées improbables […].
Quand à vos camarades, vous vous entendez parfaitement avec eux.
USAGE OU TRAFIC DE PRODUITS STUPÉFIANTS
La loi du 31 décembre 1970 interdit et pénalise l'usage illicite de toute substance classée comme stupéfiant. Elle a été complétée par plusieurs circulaires de politique pénale, la dernière date d'avril 2005.
* L'usage illicite de stupéfiants est un délit sanctionné d'une peine pouvant aller jusqu'à un an de prison et 3 750 euros d'amende.
La France a signé la convention de 1998 qui prévoit de réprimer la possession ou l’achat de drogue (quelle qu’elle soit) pour son usage personnel. Certains pays font la distinction selon le produit (tolérance pour le haschich par exemple) et selon le contexte d’usage (public qui est interdit ou privé qui est toléré). En France cette distinction n’existe pas et donc l’usage ou la possession sur soi ou à son domicile de stupéfiants (quels qu’ils soient) expose à une peine de 1 an de prison. En effet cela contrevient à l’article L. 628 du code de la Santé Publique. Dans la pratique quotidienne, pour les consommateurs, tout dépend du type de substance et de l’usage plus ou moins intensif qu’on en fait. Les procureurs ont alors plus un rôle d’orientation sanitaire et sociale qu’un rôle répressif. Par contre, les dealers, les revendeurs, les trafiquants s’exposent à des peines très lourdes qui peuvent aller jusqu’à la réclusion à perpétuité et 5 Millions d’Euros d’amendes (articles 222-34 et suivants du nouveau Code Pénal).
Votre enfant consomme-t-il de la drogue ?
Combien de parents se posent cette question, après avoir trouvé leur adolescent bizarre, avoir découvert des objets inhabituels dans ses affaires ou observé un changement de comportement trop rapide.
Alors, quels sont les indices d'une consommation ?
La réponse n'est pas simple car ils sont variables d'un enfant à l'autre et que chaque indice, pris isolément, peut avoir une toute autre raison que la consommation de drogue. C'est plutôt la conjonction de plusieurs indices qui peut vous révéler une consommation.
Les indices les plus courants sont :
Votre enfant présente des symptômes inhabituels :
* somnolence,
* tremblements,
* yeux cernés,
* yeux rouges et pupilles dilatées,
* difficultés d'élocution, propos décousus, comme une personne un peu ivre,
* irritation ou sécheresse de la gorge, toux sèche, haleine particulière,
* reniflements fréquents, frottement du nez, crachats de mucus noir,
* douleurs de la poitrine,
* alternance de phases d'excitation (parole abondante) puis d'abattement,
* boulimie ou, au contraire, perte d'appétit,
* perte rapide et importante de poids,
* sommeil irrégulier,
* odeur sur les vêtements,
* traces d'injection,
* hallucinations.
Vous trouvez dans ses affaires des objets inhabituels :
* papier pour rouler des cigarettes (qui sert à faire des joints),
* pipes ou narguilé, ou narguilé sommaire (appelé "bang") fait avec une bouteille en plastique ou une canette et des tubes de verre ou plastique,
* petits sachets en plastique avec fermeture zip (qui contiennent généralement le cannabis),
* briquets ou recharges de gaz à briquet en quantité inhabituelle.
* couteau ou petite cuillère avec des taches brun brûlé,
* petite cuillère avec une croute blanc-gris (chauffage de poudre, héroïne ou autre),
* pailles (utilisées pour "sniffer"), seringues ou nécessaire d'injection.
* dragées ou produit pour "purifier l'haleine" (qui permettent de masquer l'odeur du cannabis entre autre)
* tiges ou feuilles séchées de cannabis ressemblant au tabac mais à l'odeur différente, petits blocs de substance brune ou verte et dure (le haschisch), poudre blanche ou brune (cocaïne, héroïne, crack etc.), cachets similaires à des médicaments (ecstasy), petits buvards (LSD), etc... etc...
Son comportement change assez rapidement :
* chute rapide des résultats scolaires,
* absentéisme scolaire répété,
* abandon d'activités, sportives ou autres,
* démotivation généralisée,
* manque d'intérêt pout l'hygiène et l'apparence personnelles
* changement de groupe d'amis, refus de vous présenter certains amis,
* absences de plus en plus fréquentes, rentre à n'importe quelle heure sans prévenir,
* réponses évasives quand vous le questionnez sur ses activités,
* isolement à la maison, il s'enferme pour plusieurs heures dans sa chambre, qu'éventuellement il aère ou désodorise ensuite,
* il devient irritable, les conflits avec l'entourage deviennent plus nombreux,
* de temps à autre, il "pète les plombs" et fait des crises de violence,
* il achète beaucoup de bière ou d'alcool (souvent consommé avec les autres drogues),
* vous constatez des disparitions d'argent de manière répétée,
* il vend ses affaires (CDs, vêtements, autres objets) en quantité à ses copains.
* coups de téléphone bizarres,
etc... etc...
Si vous constatez ces indices, la meilleure attitude est de faire part de vos doutes à votre enfant et d'avoir une conversation claire avec lui, et vous vous apercevrez que le problème est souvent moins grave que vous ne l'imaginiez.
Cependant exigez des explications claires et crédibles, ne vous contentez pas de la simple affirmation qu'il ne consomme pas ! Les consommateurs de drogue nient fréquemment leur consommation.
N'oubliez pas que chaque indice pris isolément n'est pas significatif d'une consommation de drogue.
QUESTION D'UN PARENT:
Mon fils est un dealer et consommateur
« Bonjour, Nous sommes désespérés comme beaucoup de parents. Notre fils deale de l'herbe. Nous en avons trouvé à plusieurs reprises à notre domicile, malgré nos menaces et augmentation sensible de son argent de poche, rien n'y fait. Il a plus de 19 ans et n'a aucune conscience de la gravité des faits, il s'imagine intouchable. Il semble que son petit trafic dure depuis des années. Il me reproche d'être une mère indigne car à chaque fois je lui confisque la drogue, balance, sachets... il dit que je le mets en danger car il ne pourra payer ses fournisseurs. Je pense qu'il en consomme car il manque d'énergie, ne dort quasi pas, ne mange pas correctement et semble déconnecté de la vie réelle. Nous en savons plus que faire pour arrêter cette spirale, il n'écoute rien. Nous l'avons mis à la porte puisque c'était une des conditions, récidive = exclusion du domicile. J'étais prête à alerter la police mais ensuite je me suis dit que c'était le confronter avec un milieu malsain qui n'allait pas le faire changer au contraire. Lui confisquer les doses est-ce la bonne méthode ? J'ai imaginé le faire suivre par un médecin mais il n'accepte pas car pour lui dans son monde ce type d'agissements sont justes normaux. Il est aussi addict de jeux vidéo. Il a été exclu de son lycée car il dormait et ne faisait rien de tangible. Bref j'imagine un cas assez semblable à d'autres. Quelle est votre recommandation ? Qu'elle est la bonne attitude à avoir ? Bien cordialement »
Notre réponse
Bonjour,
Vous traversez une période difficile et nous comprenons votre détresse. Il parait difficile de renouer le dialogue avec votre fils, toutefois, il ne faut pas que vous perdiez espoir et il est important de continuer à lui poser des limites, même s'il les rejette, vous êtes un repère important pour lui.
Il est primordial de ne pas rompre le dialogue entre vous, même si nous comprenons bien que cela est compliqué à cause de son attitude. Il faut lui expliquer qu'en tant que famille, vous pouvez l'écouter et le comprendre mais que c'est aussi votre "rôle" en tant que parents de refuser la consommation d'un produit stupéfiant: comprendre ce n'est pas pour autant accepter.
Concernant cette consommation, il serait intéressant de pouvoir en échanger avec lui afin de comprendre à quoi cette consommation vient "répondre" chez lui, ce que le fait de consommer lui permet, comme par exemple s'apaiser, se détendre ou moins penser à certaines choses qui le préoccupent. Le fait qu'il se réfugie dans les jeux vidéos et qu'il se soit fait exclure du lycée sont certainement des indicateurs d'un malaise, d'un mal être ou d'un sentiment d'échec chez votre fils. Ainsi, sa consommation de cannabis vient probablement "l'aider" à gérer ce sentiment d'échec.
Il faudrait pouvoir recréer un climat de dialogue et d'échanges entre vous sans qu'il ne se sente "jugé" et ne pas forcement concentrer toute votre attention sur le produit et sa consommation mais plutôt sur ce que celle ci cache, masque ou dissimule.
Vous pouvez lui exprimer vos craintes ou vos questions, vos observations et souligner que ce qui lui parait "normal" peut être ressenti comme quelque chose de questionnant ou d'inquiétant pour vous.
Il est dommage que vous ne mentionniez pas votre département, nous aurions pu vous joindre une adresse d'un centre de soins spécialisé ou d' une consultation cannabis pour jeune usager. Ces structures reçoivent également l'entourage des usagers (Parents, conjoint, ami(e)s) afin de les soutenir face à ces situations difficiles.
En revanche, et si vous le souhaitez, nous vous invitons vivement à contacter nos services au 0 800 23 13 13 (appel anonyme et gratuit depuis un poste fixe 7j/7 de 8h à 2h) afin de vous aider et éventuellement trouver une adresse proche de chez vous.
Bien Cordialement
Finalement, n’oubliez pas que :
…Lorsque votre enfant, bébé, pleurait la nuit, vous étiez là pour le consoler, pour en rendre soin. Plus tard, lorsqu’il est tombé pour la première fois de sa bicyclette, vous étiez encore
là pour panser ses genoux ensanglantés et l’encourager à recommencer. Lorsqu’il a vécu des conflits avec un de ses enseignants, vous étiez toujours là pour l’écouter et le soutenir.
Voyez la consommation de votre enfant comme un important problème de vie qui mérite toute votre attention comme parent… Malgré votre propre angoisse
CONCLUSION(S)
Reprenons cette citation formulée en début d’écrit « Il n’y a pas de société sans drogues, il n’y en a jamais eu »… nous assistons à de nouvelles formes de prise de substance illicites ou non (le « sniffing »), nous déplorons un taux élevé de cocaïne qui circule en Belgique, nous effectuons une série d’observations qui soulignent la réalité ‘drogue’, aussi complexe soit-elle lorsque l’on considère l’emploi d’un ensemble de termes (synonymes) définissant la toxicomanie… il faut agir, il faut prévenir… mais comment ?
Il y a lieu de fournir aux jeunes les chances, les occasions, les atouts nécessaires pour être en mesure de faire face aux situations propices à la consommation, et pour cela il est indispensable de se concentrer sur des actions de terrain pour une prévention pensée et idéale.
Mais quelle est-elle ? Brièvement, la prévention doit être menée par les acteurs les plus proches du jeunes (en multi partenariat avec des ‘spécialistes’). Ceux-ci sont en effet (car étant plus proche) plus en mesure de comprendre l’adolescent dans sa relation à la drogue, et donc plus à même de développer des comportements appropriés. En d’autres termes, la communication (le dialogue) et la prévention (répondant à une philosophie d’ « action pour ») sont centrées sur la personnalité du jeune et organisées par des personnes qui sont le plus proche de lui et en collaboration directe avec des professionnels.
Finalement, … un maître mot : COMMUNICATION
Bref, il est important de maintenir une voie de communication avec le jeune, même si cela peut s’avérer difficile. Le respect de la personnalité d’un adolescent combinée à la volonté de l’adulte de s’ajuster sont les principaux éléments d’une bonne communication. Pour leur part, les jeunes doivent savoir ce que l’on attend d’eux et ont toujours besoin d’attentes, de routines et de valeurs claires et constantes.
Terminons par une nouvelle interrogation pouvant donner lieu à un nouveau débat, à une nouvelle recherche, à une nouvelle analyse…
Vu la difficulté de faire le point sur la réalité de terrain (et la difficulté de la comprendre) faut-il libéraliser la/les drogues de manière à avoir un meilleur contrôle du « monde des assuétudes, dépendances et de la toxicomanie » ?
D'après des recherches d'EDUCNAUTE-INFOS